EN SOUVENIR DE MINICHIEN

J'ai trouvé ce petit chien dans l'état où on peut le voir sur la photo le 25 juillet 2011. Il allait et venait dans la rue depuis 3 jours, sous la pluie et l'orage, d'après un voisin. Visiblement abandonné.

Il sentait très mauvais, avait les pattes tordues et une pelade généralisée. Il n'arrêtait pas de gémir comme s'il souffrait. Autant de son état que de son abandon.

Mon vétérinaire n'étant pas disponible, j'ai fait venir un vétérinaire à domicile (VetoAdom) qui a résumé son état ainsi, après un examen clinique :

Mobilité : difficultés locomotrices, douleur à la palpation des vertèbres lombaires, dos voussé, laxité ligamentaire des antérieurs.

Cutané et phanères : prurit intense, hyperkératinisation, réflexe otopodal +, sablé conchinien, hyperpigmentation, essentiellement en parties déclives, séborrhée +++

Par la suite, j'ai appris qu'il avait des problèmes articulaires, un petit souffle au coeur, une dermatite à malassezia pour laquelle il a été traité toute sa vie durant. Quelques épisodes de paresthésie ont gâché son existence comme si tout cela ne suffisait pas.

Des bains avec un shampooing antifongique tous les 3 jours, puis toutes les semaines, puis tous les mois et des médicaments adaptés à son problème ont changé son apparence de façon spectaculaire :

Récemment, son état s'est dégradé. Ma vétérinaire a indiqué qu'il était peut-être plus vieux que l'on ne pensait. Elle lui donnait désormais 15/16 ans, sans certitude.

Même s'il mangeait bien, il se déplaçait de plus en plus difficilement. Je devais le porter pour monter et descendre les escaliers, et le soutenir lorsqu'il faisait ses besoins. Ne pouvant tenir longtemps la position, il s'écroulait dans son caca.

Le vendredi 11 septembre 2020, il a fait une première syncope dont il a émergé avec difficulté. Il est revenu à lui, mais sonné.

Le samedi 12 septembre 2020, il a fait une nouvelle syncope dans le jardin. Très impressionnante. Mais il a repris conscience et je l'ai monté à l'étage.

Je suis restée près de lui à le surveiller.

A peine une demie heure plus tard, il a fait une seconde syncope, précédée comme les autres d'un aboiement de quelques secondes qui ressemblait plus à un hurlement de douleur.

Puis il est tombé sur le côté, les yeux grands ouverts. Il bavait, tirant la langue puis il a ouvert plusieurs fois la gueule comme s'il cherchait désespérément à respirer. Ses pattes ont battu l'air puis plus rien.

Je regarde la poitrine qui ne se soulève plus. Je palpe à l'endroit du coeur. Plus aucun battement.

Mon petit chien est mort, comme ça, en quelques minutes. Son coeur a lâché.

Il est désormais libéré de ses souffrances, de ses douleurs récurrentes dues à ses pattes avant toutes tordues, de ses gratouilles presque incessantes, dues à sa dermatite. Elles disparaissaient avec le bain et le traitement qui ne devait pas se prolonger plus d'une fois par an. Puis réapparaissaient après un répit de courte durée.

Son pauvre petit corps a fini par abandonner la lutte.

Je ne saurai jamais quel âge il avait réellement, ni comment il s'appelait.

Je ne saurai jamais ce qu'il a vécu, ce qu'on lui a fait subir avant de l'abandonner sur un coin de trottoir un jour de pluie.

Tout ce que je sais, c'est que j'ai aimé ce petit chien et que j'ai essayé tant bien que mal de lui rendre la vie supportable et de le garder en relative bonne santé.

La vieillesse et la maladie cardiaque ont eu raison de lui. Pauvre petit bout de chien croisé pinscher de 4 kilos et quelques.

Et ce petit chien était le mien!

Je n'oublierai jamais le regard qu'il m'a lancé juste avant sa deuxième syncope. Le tout dernier.

Que me disait-il?

Me demandait-il de l'aide? M'appelait-il au secours? M'avertissait-il que nous allions bientôt devoir nous quitter pour toujours?

Je n'ai pas vu la peur dans ce regard. C'était le regard d'un petit chien diminué, mal en point qui avait toute confiance en moi, sa maîtresse, sa maman de coeur, sa maman humaine, son seul soutien en ce monde cruel.

Misty