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Opium, mon ptit chat
Je suis venu te chercher avec Ivaldi Marion en mai ou juin 2005, quelque part en Bourgogne, près de Bourg-en-Bresse je crois. Tu étais la plus petite de la portée, la plus faible aussi, c'était toi qui venait têter en dernier, c'est un peu pour ca que je t'ai choisie.
Une petite chatte toute blanche et toute douce. Je me souviens que tu as beaucoup miaulé dans la voiture puis dans le train. Tu venais t'installer à Paris! A Paris ou tu as mené ta vie de petite Diva pendant 6 ans. Capricieuse, tu faisais pipi sur le lit des colocs quand c'était des filles.
Mais aussi plein de calins, à moi, à Jerome, à Pierrot aux colocs et même aux inconnus. Petite encore, tu miaulais devant la porte de ma chambre la nuit pour que je t'ouvre, de ton miaulement irrésitible de petite causette, et tu dormais lovée dans le creux de mon épaule en ronronnant. Je me souviens du chaton fou qui grimpait sur le tancarville et se laissait glissser sur une serviette en train de sécher, toutes griffes dehors.
Quand on regardait des films au video projecteur, tu pourchassais le pointeur de la souris projeté sur le mur!
J'y connaissais rien en chat, tu étais ma première. Un beau jour, tu as commencé à miauler suggestivement et à nous présenter ton cul à tout bout de champ. C'était des premières chaleurs que j'avais pas vu venir. Comme on ne pouvait pas t'opérer pendant les chaleurs, sur les conseils de Mariette Saléry, je t'ai soulagé avec des coton tige dans ton petit trou! Ça te calmait pendant une heure. En matière de sexe, tu auras au moins connu ça.
Tu étais la plus belle, la plus douce. Maï Maï s'extasiait souvent sur ta beauté. D'ailleurs tu es allée vivre chez elle, et aussi chez Dalila pour chasser les souris, mais tu es rentrée bredouille. Les souris se cachent quand les chats sont là.
En 2011, quand je suis parti en Australie pour un an, tu es partie vivre chez ma sœur en Bretagne. Pour la première fois, tu as vécu à la campagne, dans un petit village, où tu pouvais sortir sur la terrasse. A peine arrivé à Sydney, j'apprenais que tu t'étais intoxiquée avec des boules de poils, il a fallu t'opérer, te retirer un bout d'intestin. Une petit coup de blues parce que je t'avais laissé? Qui sait? En 2012 quand je suis revenu, tu es venu t'installer avec Pierrot et moi dans le 11ème. Tu reprenais ta vie parisienne. Il a fait très chaud cet été la, je me souviens que tu en as bavé.
Puis on a encore déménagé, tu es venue avec nous à Ivry dans notre appart face au parc. Déjà tu commençais à être plus posée, à moins jouer, à boire beaucoup. Tes sprints de la petite chambre au salon se faisaient plus rares, et tes crises d'incontinence plus rapprochées. Je sais maintenant que ce devait être du en partie à tes reins qui se dégradaient par paliers. Tu passais des journées entières à somnoler sur le lit mezzanine de la petite chambre. Un chat qui avait sa propre chambre, c'était la blague pour les visiteurs. Mais tu continuais à passer de longs moments allongée sur ma poitrine à ronronner. "Mon petit chachacha", "ce ptit chat", on te murmurait à l'oreille.
Le véto avait détecté des cristaux dans les urines, mais pas l'insuffisance rénale. On a quand même changé ton alimentation.
En décembre dernier, on a aménagé dans le nouvel appartement. Encore un déménagement, à ton âge! En âge humain, ça te faisait 55 ans. A l'arrivée, tu étais comme d'habitude terrée dans un coin, "en bad" comme a dit Marco Prieto Santos. Mais tu t'es rapidement approprié les lieux, et pour la première fois tu as eu un balcon pour observer la vie de la cour et prendre le soleil le matin.
Tu as commencé progressivement à prendre tes distances, tu ne passais plus toute la nuit dans le lit avec nous. Mais c'était un rituel, dès que je me couchais, tu venais t'allonger sur moi pendant un quart d'heure puis tu allais sur la commode pas loin pour passer la nuit.
Comme tu étais redevenue propre, j'ai cru que tu allais mieux. Mais c'est une maladie qui évolue par paliers. Fin mai, pour tes rappels de vaccin, la véto t'as fait une prise de sang. Le verdict est tombé, insuffisance rénale chronique au stade 3. On a encore changé ton alimentation et tu as commencé à prendre des médicaments tous les jours. J'ai lu que le pronostic moyen à ce stade est de 2 ans. Tu auras tenu un peu plus de 2 mois. Tu n'avais déjà plus que 25% de ta capacité rénale, ton organisme s’intoxiquait, d'où les vomissements.
Depuis une semaine, tu ne manges plus, tu ne te laves plus et erres sans but, tu as beaucoup maigri. Vendredi, on t'a ramené chez le vétérinaire. Tu es resté chez lui sous perfusion. Samedi, Pierrot est venu te chercher pour te ramener à la maison. Quand je suis rentré du travail, j'ai eu un choc. Tu ne tenais plus sur tes petites jambes toutes frêles et tu étais pleine d'urine, moi qui t'ai toujours connu si propre sur toi. Je t'ai câliné, je t'ai lavé dans la baignoire, tu n'as même pas protesté. Tu étais si faible. Samedi soir, on ouvert le canapé pour pouvoir dormir une dernière fois avec toi car tu ne pouvais plus sauter sur le grand lit. On t'as pris dans nos bras, beaucoup caressé, on t'as parlé, et on a presque pas dormi.
Ce matin, toi qui nous a tant pissé partout dans ta vie de chat, tu faisais encore l'effort d'aller jusqu'à ta litière, alors que tu avais tant de mal à lever les pattes pour y entrer, comme si tu voulais être un bon petit chat jusqu'au bout. Il fallait qu'on te soutienne, qu'on te porte. Je t'ai pris dans les bras, sorti sur le balcon pour que tu sentes une dernière fois la chaleur du soleil de juillet.
Et puis, la vétérinaire est venue te faire une dernière piqûre. Tu es partie paisiblement sous nos caresses, en 10 secondes.
Adieu mon ptit chat. J'ai mal. J'aurais jamais cru que ce serait si dur. |
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