Onyx
était un chat noir, de gouttière. Il avait 9 ans.
Voici son histoire.
C'est un hommage à son courage, sa fidélité
et à l'amour qu'il m'a donnés sans compter.
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Nous nous sommes rencontrés dans une écurie. Moi,
parce que j'aimais les chevaux, toi parce que la vie t'avait placé
là. Tu es née de chats errants dont la consanguinité
ta offert un bien malheureux héritage, une santé fragile.
Au
début, la première fois où je t'ai vu, impossible
de te distinguer parmi ton autre frère noir. Petites boules
de poils âgées d'environ un mois et demi, vous tétiez
tranquillement votre mère, avec votre autre frère
et vos deux soeurs. Durant mon séjour, dès que j'avais
du temps libre, je venais vous observer, toi et ta petit famille.
Je te voyais vivre ta vie de chaton sans savoir que c'était
toi qu'un jour, j'appellerai Onyx. Toi, par contre, tu m'avais déjà
choisi. Je suis resté une semaine dans ce centre équestre
mais ma décision était déjà prise dès
l'instant où je vous ai vu, toi et ta famille. Je désirais
donner un compagnon à Nikki, ma chatte âgée
de 3 ans.
Le dernier jour, le choix mais ce fut, en fait, ton choix Onyx.
Tout simplement en t'arrêtant de téter, allongé
parmi tes frères et tes surs, pour te retourner et
me faire un clin d'oeil. Juste ce signe, ce petit clin
d'oeil que tu m'a fait si souvent par la suite.
Le
jour de ton arrivée à la maison ne fut pas facile.
Oh, non pour toi qui en moins de cinq minutes, minuscule petite
boule de poil très fière, faisait le tour du propriétaire
mais pour Nikki, ta future amie/ennemie, laquelle, à 3 ans,
t'as immédiatement considéré comme un intrus.
Toi, ce petit truc noir qui osait mettre ses petites pattes sur
son territoire. Tu n'avais pas peur, tu l'ignorais superbement alors
qu'elle te tournait autour en grognant et crachant puis, le soir,
tu n'a rien trouvé de mieux que de venir s'installer à
sa place habituelle, près de mon cou, posant ton petit museau
contre ma joue. J'avoue ne pas avoir passé une très
bonne nuit avec une Nikki grognant et un Onyx ronronnant.
De
merveilleuses années ont passées remplies de ta présence.
Presque 8.
Durant tout ce temps, des preuves de ton amour, tu m'en a donné
des tonnes.
Des preuves du miens, tu en as reçu des tonnes. Oh bien sur,
parfois des engueulades, lorsque tu mettais tes petites pattes où
il ne fallait pas, ou lorsque tu me chipais un morceau de viande
dans mon assiette, ou lorsque tu me léchais le creux de l'oreille
pour me réveiller et toutes ces bêtises que la gente
féline sait si bien inventer. Mais tout ceci n'était
rien comparé à ce que ton cur m'a dit, tout
le long de ces années. Cette façon si particulière
que tu avais de te rouler en boule sur mon dos, lorsque je dormais,
cette façon si particulière de venir, chaque fois
que tu ressentais ma tristesse, cette façon si particulière
dont tu me parlais, et tellement, tellement d'autres choses qui
faisaient que nous nous comprenions si bien, mon chat. Sans forcément
parler le même langage, sauf celui du cur.
Durant
ces années, tu n'as jamais cessé d'avoir quelques
petits soucis de santé dû à ton héritage
mais si loin de ce qui allait finir par te rattraper. C'étaient
des petits problèmes de peau, de griffes, d'allergies.
Ces soucis qui t'ont toujours agacés en t'obligeant à
aller chez le vétérinaire. Tu détestais y allez,
comme beaucoup de tes congénères mais j'étais
toujours là, près de toi et ma seule présence
suffisait à te rassurer et tu te laisser faire, en me regardant
" Quelle confiance il a en vous votre chat ", n'est-ce
pas l'un des plus beaux compliments que l'on puisse te faire ? Un
jour, on à même cru te perdre à cause de la
Leucose et de toutes ses maladies qui ne pardonnent pas. Mais non,
rien de tout cela, juste ton héritage, un système
immunitaire défaillant, mais tu as toujours été
le plus fort. Certains disent que si tu avais vécu parmi
tes semblables, tu aurais déjà disparu depuis bien
longtemps.
Puis,
il y a un peu plus d'un an tu as commencé à maigrir,
un peu, toi, qui avait atteint pratiquement tes huit kilos (un peu
trop bedonnant car gourmand, mon chat, faut l'avouer). Des voyages
chez le véto, pour ton amaigrissement inexpliqué,
tu y a eu droit mais il n'y avait rien d'alarmant car tu mangeais
très bien, toujours aussi tonique et roi des bêtises
et de l'embête-nikki. Tes analyses étaient correctes
excepté pour tes globules blancs, trop nombreuses. Tu as
subi alors un traitement, qui a très bien
fonctionné. Tes analyses sont redevenues correctes.
Mais
tu as continué à maigrir. Retour chez le véto,
vitamines et anabolisant. Hélas, tu cachais bien ta maladie
mon chat. Tu l'a trop bien dissimulée à l'intérieur
de toi car malgré elle, rien n'a changé dans ton comportement
ou si, plutôt quelques chose : tu m'as donné encore
plus d'amour, comme si tu voulais prendre de l'avance sur le temps.
Puis,
il y a trois mois, tu m'as fait comprendre que quelque chose n'allais
pas. De 5 kilos tu est passé à quatre. Tu buvais beaucoup
mais tu mangeais moins. Cette fois, les analyses n 'étaient
pas bonnes, urée et créatinine élevées.
La cause : une insuffisance rénale. Tes reins ne fonctionnaient
pas très bien et donc, tu as eu droit à un régime
de croquettes diététiques et un traitement. Tu as
détesté ces croquettes sans goût mais tu faisais
face courageusement. L'espoir était là car tu les
mangeais (au début du moins), tu faisais tes pipis bien régulièrement
(parfois dans la baignoire) et tu buvais toujours beaucoup. Mon
Onyx, tu as subit un traitement assez lourd (des comprimés,
matin et soir) mais tu te laissais faire car je sais que tu comprenais
que cela te faisait du bien. Vivant, tonique, embête-nini
et chaque soir, tu me grimpais dessus afin de pouvoir passer tes
pattes autour de mon cou, poser ta tête sur mon épaule
et rester là, les yeux fermés, a
ronronner doucement.
Puis il y a un mois. Lors d'une visite de contrôle, le vétérinaire
m'a dit que tes pauvres reins fonctionnaient de plus en plus mal
(d'après tes analyses, mauvaises), ton souffle au cur
a alors été décelé, tu avais
encore maigris. Tu a eu un nouveau traitement, plus fort. Courageux
jusqu'au bout mon Onyx. Tu n'as jamais refusé tes traitements
et rien n'a changé dans ton comportement ou si, plutôt
quelques chose : tu m'as donné encore plus d'amour, comme
si tu voulais prendre de l'avance sur le temps.
Puis
il y a 1 semaine, tu n'a plus voulu manger malgré tous mes
efforts (juste une croquette, par-ci, par-là). Tu ne buvais
que quelques gouttes d'eau Je pleurais de te voir regarder tristement
ta gamelle et ces
croquettes diététiques qui n'était plus que
ton aliments de base et que tu détestais, alors que tu adorais
la viande et le jambon. Ta seule joie, matin et soir, ton petit
bol de lait avec tes médicaments. Tu t'affaiblissais, petit
à petit et pourtant, malgré tout ceci tu étais
toujours le même, toujours courageux, très câlin,
un peu embête-Nikki mais, malgré tout, pour la première
fois, un peu plus calme.
Puis
il y eu vendredi. Visite d'urgence chez le vétérinaire
car tu ne mangeais et buvais plus rien du tout depuis deux jours.
Plus de pipis non plus. Celui-ci ne m'a pas laissé beaucoup
d'espoir sur ton espérance de vie, mais il m'a dit que tu
pouvais encore vivre suffisamment (sans souffrir) pour que l'on
te soigne malgré tes taux d'urée et de créatinine
qui dépassaient toutes les normes. Il m'a dit qu'on pouvait
tenter un nouveau traitement. Il t'a injecté un tonifiant
pour te redonner du tonus et t'ouvrir l'appétit. Il estimais
que tu avais encore une chance de vivre quelques temps. Il se trompait.
Il était déjà trop tard. Toi, tu ne
souhaitais que rentrer chez toi. Tu es revenu chez toi.
Le
samedi s'est passé tranquillement. Tu dormais sous la couette,
toujours là, mais, je le savais, à ton regard absent,
déjà un peu parti. Je suis resté pratiquement
la journée avec toi, à essayer de te faire boire avec
une pipette. Tu te laissais faire. Toujours courageux, mon Onyx.
Cette nuit là, j'ai cru te perdre lorsque que je me suis
couchée et que je t'ai vu, sous la couette, allongé,
calme. Tu m'a simplement fixé. Peut-être pour me faire
comprendre quelque chose.
Puis
il y eu dimanche matin où tu n'a pas voulu te lever. C'était
la première fois. Tu avais à peine la force de marcher.
Tu as voulu resté sur le bord du lit, couché en terrine.
Comme tu avais froid, je t'ai enroulé dans une serviette
et suis resté près de toi pour te réchauffer.
J'ai réalisé que tu étais complètement
déshydraté. J'ai demandé rendez-vous aux urgences,
chez ton vétérinaire. Il m'a demandé de t'emmener
immédiatement
pour te réhydrater. Malgré ton état, il a estimé
que tu pouvais encore t'en sortir. Pour la première fois,
tu n'as rien dis pour entrer dans ton panier, afin d'aller chez
le vétérinaire. Pour la première fois, tu t'es
frotté à
lui comme si tu retrouvais un endroit familier, comme si tu lui
pardonnais de t'avoir si souvent emmené dans un endroit que
tu considérais comme un cauchemar.
J'ai
beaucoup hésité à te laisser là-bas
mais le véto m'a rassuré sur ton état et m'a
juré de m'appeler si quoique ce soit arrivait. Je t'ai fait
alors une promesse. L'après-midi s'est plutôt bien
passé, la réhydratation se passait bien (sous perfusion)
et il t'avais nourrit par sonde plusieurs fois sans que tu le régurgites
aussitôt, l'espoir revenait. Toujours courageux Onyx.
Puis
en deux heures de temps, tout a basculé. Comme dans un cauchemar.
Un appel téléphonique à 21 h 00 me demandant
de venir immédiatement. Tu n'allait pas bien. Lorsque je
suis arrivée tu étais déjà dans le coma,
tu respirais difficilement. Les yeux grands ouverts, mon chat, me
fixant mais sans me voir, Je me suis approché près
de toi, j'ai mis ma main sur ton coup et j'ai soufflé ton
nom, pour te dire que j'étais là, près de toi.
Je t'ai appelé de la manière que tu connaissais le
mieux, mon visage enfouie dans ta fourrure et du fond de ton inconscience,
tu as trouvé suffisamment de force pour te réveiller
et émettre un faible miaulement mais que j'ai su parfaitement
interpréter. C'était un adieux puisque quelques secondes
après,
tu étais parti.
Onyx,
tu m'a offert le plus beau des cadeaux en m'attendant. Du courage,
il t'en a fallut pour résister, rester en vie jusqu'à
ce que j'arrive car je te l'avais promis et tu m'a fais confiance,
jusqu'au bout. Tu n'as pas été seul pour ton dernier
voyage, car j'étais là, nous étions là,
moi et Laurent. Nous qui t'aimions tant.
Je
n'oublierais jamais tes si beaux yeux grands ouverts, qui me fixaient
mais ne me voyais déjà plus. C'est juste ma main sur
toi que tu sentais et mon esprit accompagnant le tien, là
où vont tous les chats comme toi, dans le cur et les
souvenirs de ceux qui t'ont aimé.
Aujourd'hui,
tu reposes là où tu aimais aller en vacances, chasser
les petits mulots, faire tes griffes sur les rideaux, pipi sur le
pêcher nain et croquer ta friandise préférée,
les araignées.
Tu
resteras à jamais gravé dans mon cur, mon courageux,
fidèle Onyx.
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